DECRET SANTE MENTALE

Depuis de nombreuses années, les services de santé mentale ont été sous financés.  Avec les différentes crises qu’a connues la Wallonie.  Ce sous financement a mis à mal le vivre ensemble et la bonne santé mentale des citoyens.

Le texte vise à prendre en compte les évolutions nécessaires pour que le secteur et les wallons puissent avoir des perspectives et affronter les différents défis des prochaines années.

Laurent Heyvaert

Député Wallon

Un plan stratégique de santé mentale

Selon les recommandations de tous les experts de santé.  Pour plus d’efficacité, les soins en santé mentale doivent être intégrés dans les soins de santé de première ligne. C’est pour cela qu’il faut développer une organisation territoriale de la santé, avec un souci de cohérence entre la première ligne et les soins spécialisés.

 

Le décret vise à développer, un plan stratégique de santé mentale à cinq ans, à renforcer les compétences des centres de références en santé mentale, à adapter la législation des services de santé mentale aux réalités actuelles, à intégrer les maisons de soins psychiatriques, les initiatives d’habitations protégées et les plateformes de concertation en santé mentale dans les textes régionaux et sont articulés avec la promotion de la santé mentale et la prévention, telles que visées par le plan wallon de prévention et de promotion de la santé (WAPPS).

 

Ce texte comporte plusieurs points importants.

Tout d’abord, la Wallonie va se doter d’un plan stratégique en santé mentale.  Depuis de nombreuses années, le secteur se plaignait de ne pas avoir d’objectifs de santé.  Avec ce plan stratégique, on va pouvoir orienter les politiques de santé mentale vers des objectifs clairs.  Ce plan sera travaillé, amendé, évalué par et avec les acteurs de terrain, mais aussi les différents organes d’avis de l’Aviq. Mais nous ne pouvons pas avoir un plan tous seul.  Il faut qu’il puisse avoir des interactions entre le plan santé mentale, mais aussi le plan de prévention et promotion de la santé, le futur plan de la première ligne de soins.

Si on ne parle de santé mentale qu’à travers le secteur nous raterons les objectifs.  La santé mentale ce n’est pas que les psy qui doivent s’en préoccupés, mais tous les acteurs qu’ils soient du social, mais aussi économique ou sociétal.   Les partenaires sociaux auront pour objectif d’assurer cette transversalité.

Ensuite, ce texte permet à la Wallonie d’avoir un centre de référence en santé mentale.  Le Crésam va avoir plus de moyens pour se mettre au service de l’expertise en santé mentale.  C’est un point important car des nouveaux problèmes émerges, des nouveaux traitements apparaissent, des nouvelles approches thérapeutiques se révèlent.  Il faut pouvoir compter sur un centre d’expertise pour compiler tout cela.

Mais il faut que d’autres acteurs puissent se saisir de ce centre d’expertise.  Il était important d’élargir ses missions à l’ensemble des politiques de santé mentale et non plus uniquement aux services de santé mentale. 

Par exemple, dans le cadre de la lutte contre la précarité on évoque souvent les problèmes de santé mentale comme un frein à la réintégration comme dans les maisons d’accueil ou les centres de nuit.  De même pour les secteurs du handicap qui sont de plus en plus confrontés à des doubles diagnostics.  Les pouvoirs locaux et les plans de cohésion sociale qui pourront bénéficier du CRéSaM.

Il est important pour tous ces acteurs d’avoir un centre d’expertise pour répondre à leurs nombreuses interrogations

Mais la Région Wallonne pourra aussi se doter de centre de référence spécifique.  Je pense ici au harcèlement.  Si la Région Wallonne estime que cette problématique doit faire preuve d’une attention particulière, le gouvernement pourra se doter d’un centre d’expertise spécifique

Ensuite, des moyens supplémentaires sont déployés pour les services de santé mentale.  Avec comme objectif : soutenir le bénéficiaire dans son cheminement vers son autonomie et son inclusion dans sa communauté de vie de manière à lui permettre de bénéficier d’un meilleur état de santé mentale

Que ce soit les soins primaires ou secondaires, les SSM auront plus de moyens pour développer leur projet en lien avec leur bénéficiaire.  Tout cela dans le cadre d’un travail en réseau qui était déjà effectif mais sans moyens et cadre légal qui sont ici données.

Par ailleurs, les moyens supplémentaires permettront de répondre à l’augmentation des besoins de prise en charge de la santé mentale par le biais d’un refinancement visant à revaloriser la fonction médicale ; le financement des initiatives spécifiques se poursuivra également.

Concernant les MSP et les IHP, de nouvelles places ont été ouvertes et seront aidés par des moyens supplémentaires.

Le texte permet une montée en puissance des financements nécessaires, ce qu’a d’ailleurs salué le CESE.

Dans ce texte, nous voyons aussi apparaître une notion importante c’est la pair-aidance.  La pair-aidance c’est la participation professionnelle d’ancien ou d’anciennes bénéficiaires. Ces pair.e.s-aidant.e.s, parce qu’elles et ils ont cheminé vers le rétablissement et vers une meilleure qualité de vie, peuvent transmettre leur expérience au service d’autrui.

Aujourd’hui ce sont des initiatives qui font encore l’objet de projets pilotes.   Certains d’entre eux ont été subventionnés à la demande des plateformes de concertation en santé mentale pour développer le projet « Santé mentale et précarité », en vue d’intégrer la pair-aidance dans les réseaux psycho-médico-sociaux en Wallonie. Une quarantaine de pairs aidants travaillent aujourd’hui au sein d’institutions en santé mentale.

Enfin, j’avais une inquiétude car les soins psychiatriques pour personnes séjournant à domicile (SPAD) n’étaient pas repris dans le projet de décret, alors qu’ils répondent à une demande du secteur.  Mais la Ministre a pu me rassurer car elle a précisé que l’évolution des nouvelles missions des SPAD devra s’articuler autour des recommandations du dispositif Proxisanté

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