Audition des fédérations des maisons de repos

Les maisons de repos sont divisées en 3 catégories (voir ci-dessous). Elles sont rassemblées au sein de fédérations.  Celle-ci sont venues expliquer, en commission, comment elles ont vécu la crise.

Les  trois catégories de maisons de repos :

    • Les maisons de repos privées commerciales,
    • les maisons de repos privés non commerciales,
    •  les maisons de repos publiques gérées par les communes ou les CPAS.
Ce qu’il faut retenir :
Absence de plan d'urgence

Les Fédérations sont unanimes… l’absence d’un plan d’urgence a été une des raisons de la catastrophe.

Un plan d’urgence permet aux équipes de se préparer et de savoir comment agir en cas d’urgence.  Ces plans existent pour les hôpitaux, mais pas pour les maisons de repos.

Malgré l’absence d’un tel plan, certaines maisons de repos ont réussi à mieux réagir car elles avaient une certaine expérience. En effet,  touchées, ces dernières années, par des épidémies de grippe elles avaient déjà mis en pratique certaines mesures pour protéger leurs résident contre une épidémie.

Si certaines pratiques comme l’hygiène, la formation, … doivent devenir des normes fondamentales. En revanche d’autres comme le cohortage, l’isolement, le port du masque, … doivent rester des exceptions.  Il est bien clair qu’une maison de repos n’est pas un hôpital et ne doit jamais le devenir… elle doit être un lieu de vie.

Une des recommandation de la commission spéciale sera, bien évidemment,  de mettre au point un plan d’urgence équilibré car les maisons de repos doivent rester avant tout un lieu de vie.

L'importance du matériel

Il faut savoir, qu’en temps normal, les maisons de repos ont peu de matériel de protection en réserve car elles ont rarement besoin de masques, gants, blouses.  Tout au plus, elles ont une boîte de réserve, comme nous avons une boite de secours à la maison.

Dès le début de l’épidémie, les maisons de repos se sont tournées vers les autorités publiques. Mais, comme nous l’avons appris, le stock stratégique avait été détruit sur demande de la ministre de la santé fédérale. Pourtant ce stock était nécessaire car tous les scénarios pandémiques montrent que ce type de matériel se trouve très vite en pénurie.

Le gouvernement fédéral a décidé de nommer un ministre du matériel pour palier à l’incompétence de la ministre de la Santé,  C’est  sur un marché en pénurie que le ministre De Backer a dû gérer l’achat de matériel.  Une plateforme qui permettait aux services de commander du matériel a été créée.  Le problème c’est que celle-ci  manquait de transparence. En effet, personne ne savait ce qui avait été commandé et comment c’était distribué. Ce qui n’a fait qu’ajouter de l’angoisse pour les directions des maisons de repos qui ne savaient pas comment ils allaient protéger leurs résidents et leur personnel.

Le 17 mars, les fédérations ont envoyé un courrier officiel à la ministre Fédérale pour l’alerter du manque de matériel.  Dans une réponse du 27 mars, la ministre explique que la priorité est donnée aux hôpitaux et ensuite aux malades en maisons de repos. Donc pas au  personnel, ce qui aura pour conséquence de nombreuses contaminations.

Sentiment d'abandon

Les maisons de repos ont le sentiment d’avoir été abandonnées par les autorités mais aussi par le corps médical.

En effet,  souvent les résidents ont leur propre médecin généraliste car c’est lui qui les connaît le mieux.  Malheureusement, pour de multiples raisons ( ils étaient eux-mêmes personnes à risque, il n’avait pas de matériels, ils étaient débordés,… ) un certains nombre de médecins généralistes ont supprimé leurs visites en maison de repos.

L’impression d’abandon par les hôpitaux.  Certains résidents n’ont pas été hospitalisés par crainte de saturation, d’autres sont revenus trop vite en étant parfois encore contagieux, les hôpitaux n’ont pas partagés leur matériel,…

Si les maisons de repos et les hôpitaux sont tenus de signer des conventions pour faciliter le travail entre elle, celles-ci ne sont souvent que des bouts de papiers classés au fond d’un tiroir.  A l’avenir, il faudra permettre à ces structures de mieux se connaître afin de mieux collaborer ensemble.

Formation

Les fédérations ont mis aussi en avant le manque de formation du personnel dans la gestion d’une épidémie.  Les directions, elles-mêmes, n’étaient pas formées à gérer une crise.

C’est aussi un point important de recommandation.  Revoir la formation des soignants mais aussi des directions pour qui la formation est souvent axée sur la gestion financière et très peu  sur une gestion de l’humain.  c’est un point qu’il faudra travailler à l’avenir.

Coordination Fédérale

La question de savoir si une coordination au niveau fédéral n’aurait pas été plus efficace, fût soulevée.  Les fédérations estiment qu’il y a trop de différence de législation et de normes entre les différentes régions pour une coordination nationale.  Donc il valait mieux que chaque Région puisse leur donner des consignes en fonction de leur réalité. Par contre, ils attendaient une coordination nationale au niveau du matériel.

Confinement

L’isolement des résidents a été très traumatisant.  Les maisons de repos ont très vite fermées leur porte, une semaine avant le confinement de la population.  Tout le monde ,à ce moment là, estimait que c’était une bonne décision. En effet, nous étions persuadés que le confinement durerait trois semaines.  Malheureusement, on s’est rendu vite compte que le temps serait beaucoup plus long.  C’est à ce moment là que le CNS a décidé de permettre les visites en maisons de repos.  Cette mesure a été mal perçue par les maisons de repos car elles étaient encore en plein gestion de la crise.

Avec le recul, on peut se dire que cette décision de réouverture des visites était nécessaire, mal communiquée… mais nécessaire.

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