Audition de l’AVIQ

C’était au tour de l’Agence pour une VIe de Qualité d’être auditionnée.  Il semble important de commencer par expliquer ce que fait cet organisme Wallon, mal connu, qui s’occupe de notre santé.

L’AVIQ, une Agence qui mène des politiques majeures

Elle assume les nombreuses compétences en matière de santé et d’action sociale qui ont été transférées aux Régions depuis la 6ème réforme de l’Etat. Ces transferts de compétences marquent un tournant majeur dans la gestion des mécanismes de protection sociale de notre pays.

Consciente de cet enjeu primordial pour la population, en 2015, la Wallonie a mis en œuvre un organisme d’intérêt public (OIP) autonome gérant les compétences de la santé, du bien-être, de l’accompagnement des personnes âgées, du handicap et des allocations familiales. La création de cette agence unique établissant des synergies entre l’ensemble des matières permet de répondre au mieux et de manière plus efficace aux besoins des citoyens.

Le rôle de l’Aviq pendant la crise

Depuis le début de la pandémie, l’AVIQ est en première ligne dans la gestion de la crise de la Covid-19. Suivant l’évolution de la situation, l’AVIQ a entrepris de nombreuses actions et son personnel s’est sans cesse adapté. Son implication est agile et dynamique, certaines mesures ayant évolué pour laisser place à d’autres dispositifs, s’arrêter ou au contraire s’enclencher.

Actuellement, l’AVIQ assure de manière continue :
La coordination
  • la préparation des actions à mettre en place pour faire face à la pandémie et élaborer des recommandations dans le cadre de la crise, y compris en matière de prévention (cellule de surveillance des maladies infectieuses – SURVMI), en participant à diverses réunions d’experts: le Risk Assesment Group (RAG), le Risk Management Group (RMG), CELEVAL (Cellule d’Evaluation) ;

 

  • l’analyse des recommandations et des procédures publiées par Sciensano et l’Outbreak Management Group (OMG) – (cellule SURVMI) ;

 

 

  • la coordination hebdomadaire avec les Gouverneurs en collaboration avec le Cabinet de la Ministre de la Santé , Christie Morreale, afin d’organiser conjointement les actions à l’échelle de leurs territoires ;

 

  • les collaborations avec les pays limitrophes et la participation à des échanges bilatéraux hebdomadaires avec la France sur les impacts de la crise ainsi qu’au niveau du territoire de la Grande Région. L’AVIQ tient également à jour un mémento sur les mesures prises par les pays frontaliers ainsi que des projets européens visant à lutter contre les effets de la crise sanitaire.
La surveillance épidémiologique et le suivi des contacts
  • la surveillance des situations épidémiques dans les services des secteurs de l’AVIQ, dans les entreprises et de la population wallonne en général (cellule SURVMI), de même que l’accompagnement des situations problématiques en institutions résidentielles ;

 

  • la mise en œuvre d’une prévention individualisée par suivi de contacts . Ce processus , avec un système central de reporting, a été construit au sein d’un groupe de travail interfédéral et commun aux Régions et Communautés. Une partie spécifique du site est dédié à l’information sur ce suivi des contacts.

Infos suivi de contacst

L’accompagnement des services

la création de la Task Force interne « gestion des clusters en hébergement » chargée de coordonner l’ensemble des procédures, de reprendre contact avec les services des secteurs des aînés, du handicap, de la santé mentale, des hôpitaux psychiatriques, des centres de réadaptation fonctionnelle, les services non agréés et de proposer un accompagnement aux structures résidentielles de manière préventive et en cas de cluster (au moins deux cas suspectés ou confirmés de covid-19).

Ces contacts permettent de nous assurer que ces services ont bien mis en place les mesures de prévention nécessaires. Cette Task Force soutient également les secteurs de l’action sociale de la Wallonie par une mise à disposition de l’expertise, le partage des outils et de l’accompagnement.

Lorsque les besoins sont urgents et sévères, le lien est fait par l’intermédiaire d’agents SPOC (Single Point Of Contact) de l’AVIQ avec les Gouverneurs de Province qui ont pu recourir à des Équipes Mobiles d’Urgence (EMU) pour accompagner les établissements d’hébergement dans la gestion de la situation. Ces équipes ont été soutenues par la Fédération des Maisons médicales et formées par Médecins sans Frontière.

 

Le monitoring des données
  • le reporting des personnes décédées du Covid-19 hors hôpitaux et hors institutions en collaboration avec Sciensano (cellule SURVMI) ;

 

  • monitoring de l’évolution du nombre de cas, tests et décès pour tous les secteurs de l’AVIQ (répartition géographique, répartition par secteur…) (cellule SURVMI);

 

  • monitoring de l’évolution des interventions de l’AVIQ, à destination des Gouverneurs ;

 

  • l’exploitation des données des déclarations de cas et des testing réalisés pour tous les secteurs de l’AVIQ, en ce y compris les services d’hébergement non agréés (SHNA), afin de piloter au mieux la situation (cellule SURVMI);
La communication
  • la communication au niveau local avec les bourgmestres de chaque commune wallonne, en passant par le Centre régional de Crise qui fait office de source authentique et qui centralise l’information. Lorsqu’une commune compte entre deux et neuf cas confirmés Covid-19, un rapport informatif est généré automatiquement et envoyé sur une plateforme sécurisée. Le Centre régional de crise le transmet alors au bourgmestre et au Gouverneur concernés ;

 

  • la préparation et la mise en ligne des circulaires afin de donner aux 2200 services agréés ou reconnus par l’AVIQ les consignes adéquates et les recommandations pour la gestion de la crise;

 

  • le développement d’outils de communication à destination des citoyens (dépistage et suivi des contacts, vaccination contre la grippe en période de covid…) diffusés via le site dédié au coronavirus dans un premier temps et les réseaux sociaux, dont la page Facebook de l’AVIQ ;

 

  • le développement d’outils de communication à destination des professionnels (ex. usage des masques, gestes barrières, affiches, communication radio et télévisuelle…), la structuration et la mise à disposition de l’ensemble des documents officiels à leur attention. L’AVIQ a par ailleurs développé le site sur lequel vous vous trouvez, spécifiquement dédié au Covid-19 ;

 

  • la mise en place de l’application « Coronalert » destinée à nous protéger mutuellement et à freiner la propagation du Covid-19. L’app Coronalert utilise une technologie garantissant le respect de la vie privée des utilisateurs ;

 

  • le développement et la maintenance de la Plateforme Solidaire Wallonne avec la collaboration du FOREM. Celle-ci vise à permettre aux professionnels de l’aide et de la santé désireux d’aider de pouvoir proposer leurs services afin de faire face à la pénurie de personnel dans les structures d’aide et de soins.

Plateforme solidaire wallonne

Ce qu’il faut retenir
  • Le manque de culture de gestion de crise

L’Aviq n’était pas prête pour vivre une crise comme celle-là.  Depuis 2016, lorsqu’elle récupère des compétences issues du Fédéral c’est surtout un organe de gestion administratif.  Au déclenchement de la crise, elle a dû en quelques jours se transformer en organe de gestion de crise.

Un exemple concret, le service de surveillance des maladies infectieuses, qui est  responsable du « suivi de contacts »,  comptait 4 personnes en début de la crise. Aujourd’hui, ce sont presque 200 personnes qui assurent ce travail.  Ce type d’organisme met des années à se créer et à acquérir une expertise.  Malheureusement, ils n’ont pas eu ce temps !

  • Le timing pour passer en phase fédérale

Toutes les Régions se sont retrouvées à devoir gérer une crise avec un organisme qui n’avait pas l’expérience. Par conséquent, et ceci depuis le début de crise, elles souhaitaient passer en phase fédérale.  D’ailleurs, pour le médecin de l’Aviq, il aurait fallu passer en phase fédérale le 26 février c’est à dire juste avant les premières infections en Belgique.

  • Le manque de matériel

Le 6 février l’Aviq apprend que le stock stratégique fédéral n’a pas été renouvelé. Alors qu’avant cette date l’Agence n’avait jamais dû acheter du matériel, pour soulager les maisons de repos, elle doit s’improviser acheteur… sur un marché en pénurie. Finalement, pour palier à la pénurie, la Région décide de faire fabriquer des masques par une société wallonne.  Aujourd’hui une réserve de masques a été constituée pour la Wallonie.

  • Utilisation du masque

Comme expliqué par Sciensano. Étant donné, la pénurie de masques le choix de ne pas en recommander le port été fait afin de garder ceux-ci pour les soignants. C’est pour cela que l’Aviq n’a pas recommandé le port du masque avant la mi mai.

  • Difficulté institutionnelle

Pour l’Aviq, la collaboration avec les autres niveaux de pouvoir s’est bien passée dans l’ensemble.  Les seules difficultés se sont portées au niveau des différences de législations en vigueur, du point de vue sur les mesures à prendre et de la récolte des données.  En effet, le fait que chaque Région utilise son propre système informatique n’a pas aidé dans la collecte ainsi que dans la transmission des données vers Sciensano.

  • La non hospitalisation

Fin mars, lorsque l’Aviq à appris que certains résidents de maisons de repos n’étaient pas hospitalisés a prévenu la Ministre, qui a fait une communication dans la presse pour dénoncer cette situation.

  • Communication

Durant toute crise, la communication est un paramètre essentiel de gestion.  A cause de son manque d’expérience l’Agence s’est retrouvée en difficulté dans sa communication.  En effet, parfois elle communiquait de trop, parfois pas assez, parfois trop tôt, parfois trop tard.  C’est donc un point de recommandation essentiel pour elle.

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