Sciensano a affiné les chiffres du nombre de décès à l’hôpital pour y inclure la part des pensionnaires des maison de repos dans les décès à l’hôpital.

Selon Sciensano, 63 % des décès en Wallonie sont des pensionnaires de maison de repos.

Dans la gestion de la crise, tout le monde pointe à juste titre le manque de matériel, le retard dans les dépistages, le manque de formation dans les mesures d’hygiène et toute la difficulté de créer des unités covid en maisons de repos.

Nous ne dirons jamais assez l’impréparation du Fédéral.  Un plan pandémie existait depuis 2009, mais personne ne s’en est préoccupé pendant 10 ans.

Il faudra faire le point sur les responsabilités et tirer les enseignements de cette crise.

La  question primordiale , à l’heure actuelle, sur le front sanitaire est de savoir si nous sommes prêts en cas de seconde vague?

La Wallonie est-elle prête en cas de seconde vague ?

Coordination Maison de repos et hôpital régional

Les acteurs s’accordent à dire que la coordination avec les hôpitaux, une fois installée, a fait toute la différence dans la prise en charge de la crise.

De nouvelles perspectives pour les maisons de repos devront être tracées notamment par la mise en place de protocoles de collaboration avec les réseaux hospitaliers. C’est un enjeu fondamental sur toute une série de coopérations souhaitées, pour éviter de travailler chacun dans son coin.

Le renforcement du lien fonctionnel avec un service agréé de gériatrie ou un service agréé de traitement et de réadaptation fonctionnelle destiné aux patients atteints d’affections psychogériatriques, et ce, pour que ce lien évolue aussi parce que les établissements doivent autant que nécessaire recourir à l’expertise des médecins spécialistes. Parfois, des conventions existent, notamment avec les maisons de repos et de soins puisque là c’est obligatoire, mais elles ne sont pas toujours fonctionnelles. On s’est rendu compte que c’était très variable et que parfois les liens étaient extrêmement tenus. Par contre, là où le lien était fort, cela a permis de solidifier et de pouvoir venir en appui aux difficultés.

Les équipes mobiles

En plein crise, des équipes de spécialistes intervenant en duos ont été coachées par Médecins sans Frontière pour intervenir sur le terrain et coordonnées par la Fédération des maisons médicales.

Leur mission : répondre aux attentes des établissements en situation critique sur deux pôles, les procédures d’hygiène d’une part et le soutien psychosocial aux équipes d’autre part.  Un chiffre de trois équipes de Médecins sans frontières, 14 de la Fédération des maisons médicales et 3 de l’AViQ sont ainsi intervenues. Les équipes de MSF et des maisons médicales ont réduit progressivement leurs interventions. Elles ont stoppé leurs interventions ce 12 juin, mais la transition est d’ores et déjà organisée.

La Croix-Rouge a pris le relais depuis le 5 mai en mettant à disposition 6 nouvelles équipes de volontaires.
À ce jour, 112 établissements ont pu être épaulés par ces équipes. Septante pour cent d’entre eux sont des maisons de repos, 30 % des structures d’hébergement pour personnes en situation de handicap.

La conférence interministérielle Santé a décidé de constituer des équipes mobiles qui sont destinées à intervenir dans le cadre des épidémies, au niveau local, pour l’ensemble du territoire belge.

Pour la Wallonie, il s’agira de se fonder sur la première ligne, en la renforçant par ces équipes mobiles qui seront également en lien avec les équipes d’hygiène hospitalière.  Constituées de médecins, d’infirmiers et de fonctions de supports, elles pourront conseiller les autorités locales à prendre les mesures en cas de foyer dans une communauté, dans un quartier ou dans une entité. Elles seront appuyées, coordonnées et bénéficieront d’une intervision organisée par l’AVIQ et sa cellule de surveillance des maladies infectieuses.

L’objectif visé par le protocole de la conférence interministérielle est de parvenir à disposer d’une équipe par million d’habitants dès cet été et à l’automne, 2 à 3 équipes par million d’habitants.

    • Dans un premier temps, un appel à projets va être lancé puis, sur la base d’une évaluation du dispositif,
    • dans un second temps, un cadre juridique pérenne sera élaboré.

Les tests et le suivi de contacts

Il est important de rappeler que l’approche en cas de covid dans une collectivité repose sur les procédures de Sciensano. Il s’agit de contacter les personnes ayant un contact à haut risque avec la personne positive depuis deux jours avant le début de ses symptômes. Lorsqu’il s’agit d’une collectivité, c’est souvent le médecin en lien avec cette collectivité qui fait ce suivi de contacts , le médecin du travail si c’est une entreprise, le médecin PSE si c’est une école, et le médecin référent de la collectivité.

Les personnes qui ont eu ces contacts à haut risque sont invitées à rester chez elles en isolement. On distingue, en fait, le tracing individuel du tracing professionnel dans une structure d’hébergement ou dans un lieu avec un employeur.  Si elles développent des symptômes, elles doivent contacter leur médecin.  Au niveau local et de la première ligne, les médecins traitants connaissent maintenant bien cette procédure et y contribuent activement.

En outre, la plupart de ces secteurs ont produit un référentiel pour veiller à la sécurité des travailleurs et des utilisateurs ou clients des services, fondés sur les mêmes procédures de Sciensano.  Tout au long de la crise, des outils et des supports ont été mis à disposition des établissements. Ils ont été actualisés et adaptés sur la base des connaissances acquises au fur et à mesure des semaines. Cela est vrai tant en matière d’hygiène, en ce qui concerne le port du masque et des situations dans lesquelles celui-ci doit être porté, que de cohortage, de procédures de prise en charge d’un cas possible ou confirmé covid-19, de déconfinement, de sorties d’isolement, et cetera.  Les établissements disposent de précieuses informations. Celles-ci sont complétées par des foires aux questions. Ce sont autant d’éléments qui permettent que, si une reprise de foyer épidémique devait être constatée, la situation soit maîtrisée dans les maisons de repos et maisons de repos et de soins, structures d’hébergement en général.

Le matériel

Aujourd’hui, le matériel de protection a été fourni à suffisance dans les collectivités dépendant de la Wallonie. Des livraisons sont encore en cours. La semaine dernière, la caserne de Mons distribuait encore plus de deux millions de matériels de protection. Tant l’AViQ que les gouverneurs organisent des stocks stratégiques avec l’objectif de tenir durant une période de trois mois.

Par ailleurs, la société wallonne Deltrian, va fournir ses premiers masques.  Dans le cadre de l’industrialisation wallonne, il a été possible de reconvertir une ligne de production. Cela a été le cas avec le soutien de la Wallonie.  Cela a pris du temps car on ne transforme pas une usine aussi vite que le virus circule. Quatre millions de masques vont être produits et ces quatre millions de masques vont être stockés par l’entreprise pendant une durée de deux années, ce qui permettra aussi de résoudre tous les problèmes de sécurité et de conserver ce type de masques.  Il faudra aussi une réflexion à long terme, après deux ans, comment on s’organise à la fois sur les stocks stratégiques que l’on demandera aux structures d’hébergement, mais aussi les stocks stratégiques que l’on doit avoir pour faire en sorte que si les masques sont valables dix ans, que, après dix ans, ce ne soient pas des masques qui doivent être détruits ; il s’agit donc d’avoir une gestion dynamique de ces masques qui sont en stock.

Formation

 

L’AViQ met sur pied une stratégie qui permette de consolider l’expérience acquise, notamment en maintenant l’organisation d’une cellule de gestion de la crise à activer à tout moment. Cela passe également par une formation des équipes de terrain. Des outils, des programmes de formation spécifiques seront développés pour compléter ce qui a déjà été initié dans le cadre de la crise et qui devront être renforcés.

En conclusion

Cette crise aura mis en avant la nécessaire collaboration entre les acteurs de la Santé.

Nous ne pouvons plus penser la santé à travers des unités esseulées. Il faudra penser de manière globale.  C’est quand les acteurs se sont mis ensemble qu’ils ont pu trouver des solutions même dans l’urgence de la crise.

Aujourd’hui, la Wallonie a mis des choses en place en cas de seconde vague.

Il manque encore et toujours un seul point, c’est la coordination et les responsabilités entre les niveaux de pouvoir.