Il me semble toujours important de commencer par rappeler que les héros face à cette crise sont tous les acteurs de première ligne (soignants, caissières, livreurs,…), mais aussi d’avoir une pensée pour toutes les victimes de ce virus.

Le 27 mars,

Le Conseil National de Sécurité annonçait la prolongation des mesures de confinement jusqu’au 19 avril avec une possibilité de les prolonger jusqu’au 4 mai.

Nous voilà partis pour de nombreuses semaines en confinement.

La fin du mois de mars et le début du mois d’avril seront des périodes angoissantes. En effet, les chiffres d’hospitalisations et de décès sont en perpétuelle augmentation.

Nous sommes au sommet de l’épidémie et ne savons pas quand ces chiffres diminueront.

Le 4 avril,

Depuis le début de l’épidémie, c’est le nombre d’entrée à l’hôpital qui est scruté pour voir l’état de l’épidémie. Ce chiffre commencera à diminuer à partir de ce moment.

S’il semble que nous soyons passés à côté de la saturation des hôpitaux, une autre crise guette…

La situation dans les maisons de repos. Celle-ci est inquiétante, l’UNESSA (la fédération qui rassemble les maisons de repos) tire la sonnette d’alarme.

 » La situation dans les maisons de repos est une bombe à retardement « . 

La ministre Wallonne qui demande de l’aide du Fédéral, depuis la fin du mois de mars, ne semble pas être entendue. Il faut du matériel et des travailleurs pour soigner nos aînés !

Le 6 avril,

Le gouvernement Fédéral commence à réfléchir à une sortie de crise. Le groupe d’experts , dénommé le GEES, sera mis en place.

12 avril,

Ce week-end sera celui qui comptera le plus grand nombre de décès.

Le 15 avril,

C’est le retour au Parlement Wallon pour faire le point sur les mesures prises par le gouvernement Wallon.

Depuis quelques jours, nous entendons que nous avons passé le pic, on entend dans la presse un ouf de soulagement.  Mais cette impression n’est pas vécue de la même manière dans les hôpitaux, ni dans les maisons de repos.  Car si le nombre d’entrée diminue, le nombre de personnes à l’hôpital ou le nombre de malades dans les maisons de repos ne diminue pas.  Les soignants sont encore sous pression.

Le soir, à la sortie du Conseil National de Sécurité (CNS), le prolongement des mesures de confinement jusqu’au 4 mai est confirmé.

Deux autres annonces essentielles seront aussi faites. la première est la tenue d’un CNS pour le 24 avril afin d’établir un plan de déconfinement. La seconde,  qui a surpris tout le monde, était la possibilité d’organiser des visites en maison de repos.

Si on peut comprendre la volonté d’organiser ces visites pour éviter l’isolement des personnes âgées, elle surprend par son manque de concertation avec le terrain.  Certaines maisons de repos n’ont pas encore été testées, d’autres sont au bord de l’implosion. Il était insensé d’organiser ces visites trop rapidement.

Le 16 avril,

Le lendemain de l’annonce du CNS, nous sommes de retour au Parlement Wallon pour une commission spéciale Santé.  C’est l’occasion de revenir sur les décisions annoncées la veille, d’expliquer toutes les difficultés qui s’annoncent sur la mise en place du déconfinement. En effet, chaque décision sera compliquée à mettre en place.

A la mi-mars, nous pensions que nous allions entrer en confinement et puis un jour arriverait la libération. On pourrait de nouveau sortir car le virus aurait disparu. Mais on se rend compte qu’il y aura un « avant coronavirus », un « après coronavirus », mais surtout un « pendant coronavirus ».  Ce temps, où on va devoir vivre avec cette menace,  devoir vivre avec une crainte permanente, devoir vivre en scrutant sur le nombre d’entrées à l’hôpital comme on regarde la météo pour savoir ce que nous pourrons faire dans les prochains jours.  On ne sait pas combien de temps cette période durera.

Le 23 avril,

Le Parlement de Wallonie a décidé de fonctionner autrement.  Nous pourrons interroger les ministres lors de commissions spéciales « coronavirus ».  Pour respecter les règles de distanciation physique, certains députés seront présents dans l’hémicycle tandis que d’autres pourront les interroger à distance.

Nous commençons par la ministre de la Santé.  Plusieurs points seront abordés, traçage, dépistage, masques, situation des personnes porteuses d’un handicap, situation psychologique des personnes,…

Le 24 avril,

Le lendemain c’était au tour des autres ministres. J’ai pu interroger le ministre de la mobilité sur l’impact de la situation de crise au niveau des transports publics et de la mobilité active.

 

Et voici les réponses du ministre.

Lors de cette séance, le Cdh avait déposé une résolution afin de demander à la Ministre de la Santé d’agir dans les maisons de repos.  J’ai pu faire le point sur les différentes mesures que le gouvernement Wallon avait pu prendre ces dernières semaines pour répondre à la crise dans les maisons de repos.

Ce vendredi soir, comme tout le monde, j’étais en famille devant ma télévision.

Nous voulions tous savoir ce qu’allait devenir notre vie dans les prochaines semaines. Le rapport des experts avait fuité dans la presse.  On se rendait bien compte de toute la difficulté des décisions.

Comment allions nous faire pour revoir notre famille ?

Quels commerces seraient ouverts ?

Quelles conditions pour les transports en commun ?

Après de longues heures d’attentes, les décisions tombent et c’est le coup de massue.  Nous ne pourrons pas revoir nos familles mais faire les boutiques et du kayak.

Quelque chose manque à l’annonce… L’aspect social et humain !

Pourquoi s’être autant écarté des recommandations des experts ?

Durant toute la semaine, des déclarations se faisaient entendre sur le fait que le déconfinement serait le temps des choix politiques.  A un tel point que la place des experts sera remise en question.
Y-a-t-il de la friture sur la ligne entre les experts et les politiques ?
https://www.rtbf.be/auvio/detail_cqfd-ce-qui-fait-debat…

Comparons les choix politiques et les choix des experts,

Pour mieux comprendre la situation, il faut faire une comparaison entre les mesures prises ce vendredi et le rapport des experts du Groupe de sortie de crise.

Le choix de trois phases.

Les experts préconisent une sortie du confinement en 3 phases, espacées de 15 jours pour voir les effets sanitaires sur les mesures. En effet, depuis le début de la crise, c’est le chiffre d’entrée à l’hôpital qui est pris comme indicateur de l’épidémie. Il faut une dizaine de jours entre l’infection et les complications que peuvent provoquer le virus. Les experts ont soumis donc un plan en trois phases pour la sortie du confinement.

Le CNS, les ministres présidents et la première ministre, ont donc décidé de ne pas suivre cette recommandation. Ils ont inventé la phase 1a et 1b pour permettre une nouvelle phase entre le 4 mai et le 18 mai. Le CNS a fait le choix de ne pas analyser l’effet des premières mesures du 4 mai. Ce qui risque de compliquer la vie des experts pour analyser quelle mesure serait responsable d’une recrudescence des personnes qui entrent à l’hôpital. Si à partir de la mi mai, le nombre d’entrée à l’hôpital augmente, les experts ne pourront pas dire quelle mesure est responsable de cette reprise. Donc nous risquons une refermeture complète de tout.

Le choix de l’ouverture complète des commerces

Les experts préconisaient une vague d’ouverture des commerces le 4 mai et une autre vague le 18 mai. Une ouverture complète de tous les commerces au 18 mai était donc prévue. L’objectif d’une ouverture partielle était justifié par les soucis de mobilité. Les experts faisaient confiance aux commerçants de mettre tout en place pour respecter les règles de sécurité pour leurs clients et pour leurs employés. Mais ils avaient peur qu’une ouverture complète directement allait entraîner de nombreux mouvements. Il fallait gérer les déplacements des personnes dans une rue, comme la rue Neuve par exemple, tout en tenant compte des files devant les magasins.

Le CNS, les ministres présidents et la première ministre, ont donc décidé de ne pas suivre cette recommandation. Ils ont inventé la phase 1a et 1b pour permettre une nouvelle phase entre le 4 mai et le 18 mai. Le CNS a fait le choix de ne pas analyser l’effet des premières mesures du 4 mai. Ce qui risque de compliquer la vie des experts pour analyser quelle mesure serait responsable d’une recrudescence des personnes qui rentrent à l’hôpital. Si à partir de la mi mai, le nombre d’entrée à l’hôpital augmente, les experts ne pourront pas dire quelle mesure est responsable de cette reprise. Donc nous risquons une refermeture complète de tout.

Dans un souci d’égalité pour tous les commerçants, le CNS a décidé d’ouvrir tous les magasins en même temps. Le CNS a donc inventé cette nouvelle phase 1b en date du 11 mai pour pouvoir ouvrir tous les commerces en même temps.

Le choix de post poser le retour auprès de ses proches.

Les experts avaient divisé nos vies en plusieurs groupes (vie de travail, vie sociale, vie scolaire, vie sportive et culturelle et la santé). Dans un souci d’équilibre, toutes les vannes ne pouvaient pas s’ouvrir en même temps. Comme expliqué, il faut imaginer cela comme des robinets qui coulent dans un évier et pour éviter qu’il ne déborde, il faut calibrer le débit de l’eau.

Les experts avaient planché sur un scénario où tous les pans de nos vies puissent s’ouvrir un petit peu.

Mais le CNS a fait le choix d’ouvrir des robinets plus intensément que d’autres. Et donc pour éviter un débordement d’entrée à l’hôpital, ils ont préféré postposer notre vie sociale.

Les conséquences de ces choix, c’est que si nous avons un nombre d’entrée à l’hôpital inquiétant vers le 15 mai nous retournerons à un confinement sans pouvoir revoir nos amis et notre famille.

La place des politiques

Certains ont voulu reprendre la main politique sur la situation.  Je pense que c’est une grave erreur.  Selon moi, le rôle du politique est d’écouter les recommandations des experts, de se concerter avec les acteurs de terrain pour mettre en place ces recommandations.

Le 27 avril,

Ma frustration devant ce manque de considération des experts, j’ai pu l’exprimer devant le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

J’espère que le raté de ce premier jour de déconfinement puisse être rectifié. Il ne faut pas opposer économie, vie sociale et santé. 

Lors de cette crise, il faudra que chaque pan de nos vies puisse être pris en considération, il faudra comprendre les peurs légitimes de chacun, il faudra comprendre aussi les choix de chacun. 

Nous allons vivre une période avec ce virus, il ne faudrait pas qu’en plus de tuer, il nous divise et anéantisse notre vie.

 Ce  » PENDANT  » déterminera comment nous vivrons  » APRES « .