Ce mardi a eu lieu l’audition de l’observatoire du sida et des sexualités.

L’institution est venue présenter son cadre de référence qui vise à définir des actions prioritaires afin de promouvoir la santé sexuelle et la prévention des IST, du VIH et des hépatites chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en Wallonie.

Situations  ayant un impact sur la santé mentale des HSH

  • Vécu(s) d’agressions et violences homophobes,
  • Peur permanente du jugement, du rejet, liés à son orientation ou pratiques sexuelles,
  • Homophobie intériorisée,
  • Isolement, solitude.

Si l’analyse de situation est généralisable à toute la population des HSH, il faut souligner l’importance de quatre sous-publics :

LES HSH MIGRANTS

Le public des HSH migrants correspond  à une catégorie cumulant deux indicateurs porteurs indépendamment l’un de l’autre de difficultés et stigmatisations potentielles mais aussi de vulnérabilités spécifiques au croisement de l’orientation sexuelle et de la race.  Ainsi, certains demandeurs d’asile s’enfuient, victimes de discrimination dans leur pays d’origine et/ou poursuivis à cause de leur orientation sexuelle ou identité de genre. La découverte de comportements homosexuels dans certaines régions du monde est punissable de mort.

l’arrivée des migrants, et a fortiori encore plus des HSH migrants, dans les pays d’accueil est caractérisée par une forte pression psychologique, un contrôle social sévère, une grande souffrance, de fréquents rackets, des chantages, une angoisse, un silence, un isolement, une auto stigmatisation, des violences, des rejets, des dénis de justice, une stigmatisation dans les structures de santé, une exclusion au sein des familles et de la communauté (Desgrée Du Lou et al., 2017 ; OMS, 2019 ).

LES HSH VIVANT AVEC LE VIH (inclus les plus de 50 ans)

Ces dernières années, l’évolution des dispositifs de dépistage, de traitements et de suivis médicaux ont permis de voir évoluer de façon majeure la prise en charge du VIH.

Que ce soit en termes de qualité de vie (individuelle, sociale et sexuelle) ou de projets (de couple, de vie de famille, de formation, de travail)  de nouvelles possibilités s’offrent aux personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et génèrent  de nouveaux défis pour une prise en charge médicale globale , d’accès aux soins, d’évolution des pratiques des professionnel·le·s et  de lutte contre les discriminations.

L’évolution des traitements a par ailleurs fait évoluer l’infection au VIH vers une maladie chronique avec une augmentation de l’espérance de vie.

la majorité des ces personnes bénéficie d’une espérance de vie croissante et d’une qualité de vie améliorée donc de nouveaux secteurs de la santé sont ainsi amenés à accueillir des personnes vivant avec le VIH. C’est le cas des lieux d’accueil des personnes âgées qui verront la demande augmenter dans les années à venir. Ces demandes vont amener le secteur à réfléchir aux mesures particulières à prendre pour suivre au mieux ce public.

LES JEUNES HSH

les études internationales (les données à l’échelle belge n’existant pas) démontrent systématiquement que les jeunes LGBT ont des taux plus élevé de détresse émotionnelle, troubles de l’anxiété, auto-mutilation, idéens suicidaires et suicides que la population de jeunes hétérosexuels (Russel & Fish, 2016).

LES HSH USAGERS DE PSYCHOTROPES

Plusieurs études internationales (Gonzales et al., 2016 ; Hunter et al., 2014 ; Mercer et al., 2016) mettent en évidence que les HSH  consomment en général plus de substances psychotropes que la population générale.

Cet usage se décline aussi bien sur les substances légales (alcool, tabac) que pour les substances illicites. Certaines substances sont utilisées spécifiquement comme stimulants sexuels et/ou comme désinhibants notamment lors de soirées de sexe.

L’expression « chemsex » (acronyme de chemical sex) est alors utilisée pour décrire des rapports sexuels entre hommes sous l’influence de drogues (plus spécifiquement les nouveaux produits de synthèse) prises avant et/ou pendant les rapports sexuels.

Problématiques soulevées :

  • Inégalités de santé (physique et psychique) et  vulnérabilités sociales,
  • Une partie des personnes ne bénéficient pas des actions mises en place pour elles,
  •  Incidence élevée des IST/VIH/hépatites résultant de la conjugaison de facteurs environnementaux, socio-économiques, comportementaux et biologiques,
  • Le recours au dépistage des IST/VIH/hépatites est insuffisant,
  • Le recours aux différents moyens de protection reste insuffisant,
  • La ruralité de la région Wallonne, le peu de lieux de convivialité et communautaires et l’évolution des NTIC entraînent une fragmentation de la vie sociale et une forte présence en ligne et sur les réseaux sociaux,
  • Les discriminations multiples auxquelles sont exposés les HSH influencent l’accès aux soins, leur santé, et leurs droits de façon plus générale, particulièrement ceux vivant avec le VIH.

Face à ces constats 3 objectifs spécifiques ont été dégagés:

  • Promouvoir la prévention combinée
  • Améliorer la santé globale des HSH
  • Lutter contre les discriminations envers les HSH et conscientiser les personnes concernées à la sérophobie

Ces objectifs seront suivis d’actions spécifiques :

Amélioration du niveau d’information
  • Augmenter le recours précoce et régulier au dépistage,
  • Augmenter la connaissance et adoption des stratégies de réduction des risques,
  • Augmenter le traitement des IST et orientation vers les soins,
  •  Augmenter la couverture vaccinale.
Améliorer la santé globale des HSHSanté globale concernant la santé mentale et mieux-être, la santé sexuelle, l'usage de drogues et le chemsex.

Améliorer :

  • l’accueil dans les services PMS,
  •  les lieux communautaires et de convivialité,
  • les maisons de repos et de retraite.

Former :

  • les acteur·rice·s sur les thématiques de santé mentale des HSH,
  • les (futur·e·s) professionnel·le·s de la santé aux spécificités et transversalités des LGBTQI+.

Offre de soins :

  • inclure TOUTE personne sans discrimination aucune (demandeurs d’asile et personnes sans statut de séjour légal).

Promotion :

  • des stratégies de RdR sexuels et liés à l’usage de drogue par les HSH.