Les camions empruntant les autoroutes et les principales routes de Wallonie sont tenus de payer leur écot… au kilomètre près. L’année dernière, 256,1 millions d’euros sont ainsi rentrés dans les caisses de la Sofico C’est 3 millions de plus qu’en 2018 et 15 millions de plus qu’en 2017.
Cette hausse découle de l’indexation, mais aussi du nombre accru de kilomètres parcourus.
De son côté, la Flandre a touché 451,2 millions (+1,8 million par rapport à 2018), contre 10,1 millions pour Bruxelles (- 200.000 euros).
(Sofico = l’organisme qui gère le réseau structurant pour le compte de la Région.)
À quoi sert cette manne financière qui tombe chaque année ?
De tous les véhicules, le camion est celui qui dégrade le plus la voirie.
Pour la Wallonie, chaque année :
- 100 millions d’euros sont consacrés à entretenir les chaussées – réparations de nids-de-poule, taille des plantations, signalisation, etc,…
- 150 millions à les réhabiliter en profondeur.
Et les conséquences économiques de la taxe ? Des entreprises ont-elles été mises en difficulté ?
L’ Union professionnelle du transport (UPTR), s’était vivement opposée au lancement du prélèvement kilométrique. Mais son sentiment 4 ans plus tard c’est qu’une série de graves maladies de jeunesse du système ont été corrigées. La période difficile a été 2016-2017 où il a fallu refaire des appels d’offres en tenant compte de la taxe. Depuis lors, les cartes ont été redistribuées.
Au moment du lancement du prélèvement kilométrique en 2016, 6.459 km de routes étaient payantes pour les camions. Depuis lors, la Wallonie a élargi à deux reprises ce réseau : 33 km ont été ajoutés en juillet 2017 et 22 km ce 1er janvier.
Le but est d’empêcher les poids lourds de faire des crochets par des voiries gratuites, mais non appropriées à une telle circulation intensive.
Extension du réseau
Ce 1 janvier, l’extension de 22 kilomètres de routes soumises au péage permet, d’une part, d’inclure le nouveau tronçon de route constitué par la Nationale 5 de Couvin à la frontière française et, d’autre part, de corriger certaines erreurs matérielles dans le plan de départ, comme les quais de la Dérivation à Liège où seul un sens était soumis à péage ; ce qui n’avait pas beaucoup de logique.
L’origine de la demande d’inclure de nouveaux tronçons de route peut être diverse et l’administration analysera toute demande motivée. Cependant, le fait d’ajouter de la route au réseau soumis à péage ne résoudra pas forcément le problème du trafic de poids lourds. D’autres solutions existent, comme l’interdiction de circulation des poids lourds ou encore le placement de radars, qui peuvent être plus efficaces, suivant les situations. En effet, il n’a pas été constaté, de façon générale, de déport massif du trafic de poids lourds du réseau soumis au prélèvement kilométrique vers le réseau non soumis à ce péage.
Mise en avant des tronçons problématiques
Pour objectiver cette situation, le bureau Stratec a identifié, en juin 2019, 11 tronçons problématiques, sélectionnés sur la base de plaintes. Il a ensuite analysé la situation pour identifier la part de transit avant et après l’instauration du prélèvement kilométrique pour poids lourds. Sur la majorité de ces tronçons, il apparaît que le trafic de transit est resté relativement stable depuis 2016. Plusieurs explications peuvent être avancées. Concernant un éventuel phénomène d’évitement du réseau payant par les camions étrangers ou par un plus grand nombre de possibilité d’étendre le réseau camions, il faut garder à l’esprit qu’il est souvent plus coûteux pour une entreprise de transport en temps, donc en salaires et en carburant, de dévier le trafic vers le réseau secondaire, de préférence au paiement pur et simple de la redevance. Il est d’ailleurs ressorti des enquêtes réalisées par l’étude Stratec que plusieurs entreprises avaient testé cette stratégie, au moment de l’introduction de la redevance, et qu’ils l’ont ensuite rapidement abandonnée pour ces mêmes raisons.
Possibilité d’étendre le réseau
De façon locale, cependant, certains déports ont malgré tout été constatés, parfois résultants des chantiers et d’évènements exceptionnels sur le réseau soumis à péage. Par ailleurs, le Gouvernement a prévu dans la DPR, d’analyser la possibilité d’étendre, à nouveau, de manière supplémentaire, dans les situations au réseau déjà tarifé, pour répondre aux difficultés créées par le report inopportun du trafic vers d’autres voiries. La modulation des tarifs du prélèvement sera également envisagée pour favoriser une meilleure gestion de la mobilité.
Merci Laurent d’expliquer cette taxe, ses antécédents et ses conséquences. Une chose nous gêne, qui ne concerne pas son utilité car nous sommes évidemment tous d’accord sur l’usage qu’il faut en faire.
Là où le bas blesse, c’est lorsque cette taxe est ristournée à des entreprises qui ne créent pas d’emploi uniquement pour des raisons de compétitivité, je veux parler du paiement par la région wallonne de la taxe carrière aux communes concernées.
Je me suis suis laisser dire qu’il s’agit d’un montant de l’ordre de 3.000.000 € par an en faveur des carriers (grosses multinationales) et que le gouvernement actuel (avec les écolos) est en faveur du maintien de cette aide d’état. Qu’en est-il?