La pandémie de COVID-19, en plus de ses impacts sanitaires, provoque des bouleversements susceptibles d’influencer la santé mentale, le bien-être et la sécurité des personnes, des familles et des communautés.
En conséquence, l’objectif doit être la mise en place d’un plan d’action pour favoriser la bonne santé mentale, la résilience et la cohésion sociale des communautés dans le contexte de la pandémie de la COVID-19.
La résilience comme moteur
L’épidémie de Covid-19, en raison du risque de nuire à notre santé et celle de nos proches, et de l’incertitude de ses conséquences sociales et économiques, est une source potentielle de stress et d’anxiété.
Face à cette menace qui nous est inconnue, il peut être nécessaire de se demander comment nous pouvons, individuellement et collectivement, renforcer notre résilience afin de mieux traverser cette période d’incertitude.
Qu’est-ce que la résilience ?
La résilience, est la capacité à s’adapter et à rebondir en période d’adversité.
C’est-à-dire, la capacité de traverser une épreuve avec le plus d’adaptabilité possible.
Un modèle de plan en deux paliers.
Pour protéger la santé mentale, particulièrement en contexte de crise sanitaire, on doit s’attarder non seulement au soutien à offrir aux individus, mais aussi aux actions qui permettent de créer des environnements favorables à la santé mentale et au bien-être de tous qui tiennent compte des inégalités sociales.
À cet égard, le modèle proposé est un modèle d’interventions coordonnées en deux paliers :
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- des actions individuelles,
- des actions des pouvoirs publics.
Actions individuelles
Les études montrent que la résilience est corrélée à la souplesse (émotionnelle et cognitive), un brin de positivisme réaliste et une capacité à faire face aux événements douloureux de façon calme, mais proactive. Voici ici comment, grâce à la littérature scientifique et clinique, nous pouvons augmenter notre résilience naturelle.
Entretenons notre évaluation d’auto-efficacité.
La manière dont nous affrontons une épreuve est liée à l’évaluation que nous faisons de notre capacité à la traverser et à la surmonter. Pour renforcer notre résilience :
- Rappelons-nous que nous pouvons nous adapter, que nous sommes entourés, conseillés.
- Rappelons-nous que la vie est faite ainsi : faire face à des épreuves est normal et il ne sert à rien de nous braquer contre cet état de fait.
- Rappelons-nous aussi que nous avons été capables de traverser des épreuves avec succès dans le passé et que nous pouvons nous fier à nos capacités d’adaptation pour celle-ci aussi.
Tolérons l’incertitude
Nous ne savons pas encore comment la situation va évoluer. Beaucoup d’incertitude plane et aucun expert ne pourrait nous dire ce qui nous attend demain ou la semaine prochaine.
Dans ce contexte particulier,
- permettons-nous le flou, le vague et tolérons le fait que nous ne savons pas.
- tout en nous rappelant que nous serons fixés bientôt.
- Et que l’épreuve sera temporaire.
Augmentons notre sentiment de sécurité
Nous avons besoin de sentir que nous comprenons bien ce qui se passe et que nous pouvons faire des gestes concrets pour nous aider.
Tenons-nous informés à partir de sources fiables comme celles des autorités sanitaires et ignorons les sites internet qui propagent de fausses informations qui peuvent nous stresser ou nous donner un sentiment d’impuissance.
Faisons confiance à notre système immunitaire
Faisons confiance à notre système immunitaire, d’abord. À nos comportements ensuite…
Puisque nous suivrons les consignes prescrites. Faisons aussi confiance à nos médecins et à notre système de santé. Soyons souples face aux adaptations nécessaires.
Dans toute cette tourmente, rappelons-nous que nous serons capables de traverser cette épreuve. Acceptons les circonstances et la réalité de la situation qui ne peuvent pas être changées et concentrons-nous sur ce que nous pouvons accomplir ou contrôler.
Redéfinissons ce que nous entendons par « bonne journée » pour nous ajuster à la réalité actuelle de la situation et développons des plans d’activités simples à réaliser pour nous préserver d’impressions de dépassement ou de détresse excessive.
Nous trouverons même (peut-être) des occasions dans ces changements. Nous pourrons même a posteriori (pourquoi pas ?) être fiers de ce que nous avons été capables d’accomplir en tant que personne, famille, organisation ou société. Laissons tomber nos exigences et notre rigidité ; c’est le moment d’être plus souples et adaptatifs et de prendre les choses en relativisant nos priorités.
Privilégions les activités qui nous font du bien
La situation nous oblige à de nombreux renoncements et peut être à l’origine de frustrations.
Compensons cet état de faits en nous inscrivant dans des activités plaisantes et apaisantes comme la lecture, la musique, l’organisation de jeux de société avec nos proches, de jeux simples avec notre animal de compagnie… ou toutes autres techniques qui ont déjà fonctionné durant des événements passés.
Soyons bienveillant envers nous-même. Célébrons les petits succès et prenons plaisir à accomplir des tâches, même les plus modestes. Projetons-nous dans l’avenir avec des pensées positives. Essayons d’adopter des pensées positives sans pour autant nier la réalité. Remplaçons, par exemple, « c’est un moment difficile » par « c’est un moment difficile mais je peux le surmonter ».
Considérons la situation stressante dans un contexte plus large et gardons une perspective à long terme : « Que vais-je faire quand, demain, je serai à nouveau libre de sortir ? ».
Gardons le contact.
Dans cette période d’isolement physique nécessaire, restons en contact avec notre famille, nos amis, nos collègues par tous les moyens dont nous disposons : téléphone, appels vidéo, mails.
Augmentons notre solidarité collective
Cela peut vouloir dire agir en bons citoyens pour protéger les autres.
Et aussi s’ouvrir à ceux qui sont plus démunis, moins préparés, mis en quarantaine ou souffrants.
La bienveillance et l’ouverture sont associées à une meilleure capacité à traverser l’adversité.
Elles reflètent le meilleur de nous, de la nature humaine, de notre société. Elles sont associées à une plus grande résilience.
Actions des pouvoirs publics
Favoriser une information juste et positive
- diffuser quotidiennement les derniers développements et les interventions à venir;
- informer la population des conséquences psychosociales d’une pandémie et des services disponibles en rappelant qu’il est normal de ressentir des émotions négatives;
- faire connaître des exemples locaux positifs de gens résilients;
- réduire la mésinformation et la désinformation entourant la COVID-19.
Susciter la participation, l’engagement citoyen et communautaire
- favoriser la participation citoyenne dans le processus de déconfinement;
- impliquer les communautés qui cumulent des facteurs de vulnérabilités dans la recherche de solutions non stigmatisantes et appropriées à leur situation;
- partager et mettre en valeur les initiatives citoyennes ainsi que celles des groupes communautaires.
Soutenir les connexions sociales en collaboration avec les ressources de la communauté
- collaborer avec les ressources locales pour établir un réseau d’entraide efficace;
- soutenir les projets d’entraide entre les personnes qui respectent les consignes de distanciation physique;
- donner accès localement à des espaces verts.
Répondre aux besoins psychosociaux des membres de la communauté
- sensibiliser les personnes impliquées dans les soins et l’aide en contexte de COVID-19 aux principes essentiels des soins psychosociaux de type premiers secours psychologiques;
- soutenir les personnes endeuillées dans leur processus de deuil.