Qu’est-ce que la désistance ?
la « désistance » consiste à se départir d’un engagement où l’on s’est laissé entraîner et à s’en sortir.
La désistance désigne l’arrêt d’un parcours de délinquance ou de criminalité.
Même quand il y a une tendance, il n’y a pas de fatalité. En effet, les criminologues constatent que la plupart des délinquants sortent de leur parcours déviant. Quand ils arrivent à un certains âge, la grande majorité des jeunes découvrent d’autres sources de satisfaction comme un travail, un.e petit.e ami.e , la naissance d’un enfant ou l’achat d’un logement.
Il est donc important de savoir ce qui a permis à certains de s’en sortir de façon à mieux aider ceux pour qui la désistance est difficile.
IL N’Y A PAS DE DETERMINISME ABSOLU
L’une des plus importantes recherches sur la désistance a été réalisée par John Laub et Robert Sampson, respectivement criminologue et sociologue. En 1986, ils découvrent par hasard, dans la cave de la Harvard Law School, les soixante cartons d’archives poussiéreuses d’une étude classique sur la délinquance juvénile, menée à partir des années 1940 par Sheldon et Eleanor Glueck . Cette étude concernait cinq cents jeunes délinquants de 10 à 17 ans et cinq cents non délinquants aux caractéristiques identiques en ce qui concerne l’âge, le groupe ethnique, le QI et le milieu familial (à faible revenu). Des données très riches avaient alors été recueillies sur ces mille garçons à trois moments : à 14 ans, 25 ans et 32 ans. Sampson et Laub vont reprendre ces données et en tirer de multiples constats, en particulier sur la désistance (sortie de la délinquance et de la criminalité).
Selon ces auteurs, il y a certes une relation statistique entre la délinquance juvénile et la criminalité adulte, mais elle est indirecte. La délinquance juvénile conduit généralement à de faibles liens sociaux à l’âge adulte, ce qui conduit à son tour à la criminalité. Ceci a pour corollaire que si l’adolescent ou le jeune adulte fait des rencontres significatives positives, il peut radicalement modifier sa trajectoire.
Deux événements majeurs sont susceptibles de provoquer ce changement : d’une part la rencontre amoureuse et l’installation dans une vie de famille, d’autre part la stabilité dans un emploi. Toutefois, ce ne sont pas ces facteurs en soi, mais plutôt les « à-côtés » qui jouent un rôle ; pour le couple, c’est la qualité de la relation ; pour l’emploi, c’est la stabilité au travail, l’implication ainsi que les liens tissés avec les collègues de travail.
Sampson et Laub constatent que plus les liens adultes au travail et à la famille sont forts, moins il y a de délinquance et de criminalité. Inversement, une incarcération prolongée réduit la probabilité ultérieure de trouver un travail stable, ce qui à son tour augmente le risque de délinquance. (…)
Mise en place des maisons de désitance
Dans la Déclaration de politique communautaire (DPC), le gouvernement affiche sa volonté de mettre en place une maison de désistance. L’accompagnement et l’encadrement des justiciables constituent un défi majeur pour éviter la récidive. Cet accompagnement est un élément essentiel à la réhabilitation.
Projets pilotes en Fédération Wallonie-Bruxelles et au niveau de l’État fédéral.
Au niveau de la Fédération Wallonie- Bruxelles,
un bâtiment situé dans un environnement favorable, proche du centre et bien desservi par les transports en commun qui pourrait servir de maison de désistance a été identifié à Bruxelles.
Cette maison de désitance offrira des places d’hébergement et un service spécifiquement adapté aux justiciables.
Au niveau fédéral,
deux maisons de transition , en mesure d’accueillir quinze condamnés, ont ouvert leurs portes : l’une à Malines (1er septembre 2019) et l’autre à Enghien (le 1er janvier 2020). Ces deux projets sont en cours d’évaluation et, sur cette base, le ministre fédéral de la Justice décidera de leur pérennisation.
Ce qui est dommageable, c’est que ni le cabinet de la ministre ni l’administration de la Fédération Wallonie- Bruxelles n’ont été consultés dans le cadre de la création de la maison de transition d’Enghien. Or, les services compétents de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont nécessairement impliqués dans le travail des maisons de transition puisqu’ils offrent une aide sociale et psychologique aux détenus, ainsi qu’un accompagnement dans la préparation de leur plan de réinsertion. Par ailleurs, la collaboration est nécessaire avec les assistants de justice qui suivront les condamnés lorsque ceux-ci bénéficient d’une modalité d’exécution de la peine.
Suite à l’interpellation du ministre de la Justice à ce sujet, l’administration pénitentiaire s’est engagée dans une collaboration entre la maison de transition d’Enghien et les services de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
En conclusion…
Ce concept de désistance est essentiel pour la réinsertion des anciens détenus dans la société mais aussi pour stopper l’engrenage de la la délinquance.
Dans notre pays où les compétences sont partagées entre plusieurs niveaux de pouvoir, il est nécessaire d’impliquer toutes les parties prenantes afin d’éviter la concurrence. Pour que ce dossier aboutisse, une bonne collaboration avec l’État fédéral est cruciale.