Tout le monde à le droit de choisir son lieu de vie…
Une étude de la Fondation Roi Baudouin
INTRODUCTION
Le problème des lieux de vie et de soins du futur figure déjà à différents agendas, et pas seulement dans notre pays : la politique à tous les niveaux (de l’européen au local), la société civile, les médias, la micro- échelle familiale, sans oublier la pratique quotidienne dans le secteur. Il est indéniable que la période corona et les crises correspondantes ont une fois de plus mis en lumière l’urgence du thème. Même au sens littéral du terme, sous les projecteurs de la télévision et des autres médias. La fragilité des grands établissements, mais aussi la solitude des personnes vivant à domicile, ont choqué la société. En outre, la problématique du personnel sur un marché du travail étriqué constitue une préoccupation constante.
VALEURS FONDAMENTALES
Autonomie
Dans ce contexte, autonomie signifie que les personnes devraient, autant que possible, être en mesure de faire leurs propres choix en matière de lieux de vie et de soins. Des lieux qui doivent leur être financièrement, physiquement et psychiquement accessibles et adaptés à leur vie et à leurs préférences. Ce qui implique toute une gamme de contextes possibles, où elles choisissent de passer les dernières phases de leur vie (…)
Participation
Participation signifie en l’occurrence que les personnes (co)décident du déroulement de leur vie (quotidienne). Cette vie (au quotidien) ne peut donc pas être déterminée principalement par des motifs organisationnels – bien que des règles et un cadre soient évidemment nécessaires – mais par des souhaits et des besoins individuels, et donc par la personnalité et l’histoire de vie des personnes.(…)
vivre en relation avec les autres
Nous sommes des êtres relationnels. Nous ne pouvons vivre qu’en relation avec les autres. Ce besoin ne disparaît pas avec l’âge, ni avec l’augmentation de la dépendance. Le lieu de vie et de soins doit offrir aux personnes la possibilité de maintenir et de développer des liens sociaux: avec leur famille, leurs amis et voisins, et, le cas échéant, avec leurs cohabitants, les soignants et autres professionnels, les membres de la direction et les administrateurs. Autrement dit: même à l’approche de la fin, la vie et les soins seront relationnels ou ne seront pas.(…)
Concrétiser ses aspirations
Les personnes âgées ont des souhaits, des compétences, des talents, des besoins, des aptitudes… qui ne sont pas toujours appréciés à leur juste valeur, notamment en raison de l‘âgisme régnant dans nos sociétés, où le rôle attribué aux personnes âgées et leurs relations avec les personnes plus jeunes sont porteuses de nombreux défis. Chacun.e doit conserver la possibilité de concrétiser ses capacités et ses possibilités, même s’il/elle vit dans un lieu de vie et de soins.(…)
LE LIEU DE VIE ET DE SOINS DE DEMAIN : CARACTÉRISTIQUES DE BASE.
Librement choisi
Si divers que soient les lieux de vie et de soins auxquels les personnes interrogées donnent la préférence en prévision de leurs vieux jours, « rester où je suis », avec différentes formes de soins, arrive en tête de liste. Dans la pratique, le choix dépend évidemment aussi de l’importance de la dépendance et de son évolution éventuelle. Mais un choix doit être possible.(…)
Convivial
Le concept de lieu de vie et de soins de l’avenir est à petite échelle. Même si ces petites unités font partie d’une structure plus vaste, l’expérience de la convivialité et de l’humanité est prépondérante
Intégré
L’habitat se situe toujours dans un milieu et un quartier, au milieu de cohabitants, particulièrement quand il s’agit d’un lieu de vie et de soins. Ce milieu englobe différentes sortes de logements et
accueille un mélange de générations: familles avec enfants,
isolés, jeunes seniors, seniors plus âgés ayant ou non besoin de soins (intensifs)… De ce fait, comme dans de nombreux quartiers, il peut s’y développer des formes d’aide mutuelle (de voisinage), axées sur l’entraide entre les habitants, ainsi qu’avec les aidants proches.
Il existe aussi des interactions avec l’environnement (l’école, la vie socio-culturelle…). Le développement de ces réseaux de soins de proximité mérite une attention politique prioritaire, car ils confèrent une dimension humaine à la socialisation des soins et combattent l’isolement émotionnel et social
Souple et flexible
Un lieu de vie et de soins a pour objectif le bien-être de ses habitants et de son personnel. Cela suppose une approche où l’habitant, avec ses aspirations et ses besoins en matière de soins ,ses talents et ses compétences, ainsi que son estime de soi, occupe une place centrale. Il va de soi que ce bien-être s’inscrit dans un cadre, avec des règles et dans le respect mutuel. Mais les procédures, les horaires (de travail) rigides et la volonté d’efficacité ne doivent pas prendre le dessus sur la vie. (…)
Sécurité et autonomie
Si une personne ne se sent pas en sécurité, sa qualité de vie est également menacée, et pas seulement dans un lieu de vie et de soins: la sécurité est incontournable. Mais, dans un lieu de vie et de soins, le sentiment de sécurité doit aller de pair avec autant d’indépendance, d’autonomie, de mobilité et d’autodétermination que possible. (…)
RECOMMANDATIONS
De manière générale
Mettre en oeuvre une politique qui soutient toutes les formes de lieux de vie et de soins de qualité pour les personnes âgées: 100% autonomes et/ou avec soins, individuels et/ou collectifs, intergénérationnels, dans des logements (sociaux) adaptés, financièrement abordables.
Soutenir le développement des réseaux de soins de proximité, en collaboration avec des partenaires.
Contribuer à atténuer le besoin de projets de logements sociaux adaptés aux personnes âgées et favoriser la mobilité à ce niveau.
Prévoir une information accessible et transparente aussi largement diffusée que possible.
Promouvoir auprès de la population une meilleure planification de la vie et et des soins et le « penser plus tôt à plus tard ». Cette tâche incombe aux autorités communales et aux associations, à la première ligne, aux notaires…
Inciter les citoyens à investir dans les lieux de vie et de soins du futur.
Encourager les entreprises à co-créer et implémenter dans les lieux de vie et de soins de nouvelles technologies numériques, aussi conviviales pour les habitants que pour le personnel.
Favoriser la collaboration et les échanges de personnel de première ligne (soins à domicile, médecins de famille) et entre la première ligne et les hôpitaux, réseaux de soins de proximité, écoles, maisons de repos et de soins.
Stimuler le mouvement de renouveau dans les lieux de vie et de soins. Cette tâche pourrait être dévolue, entre autres, à une Inspection sanitaire « nouvelle formule », plus intéressée par une approche axée sur les processus.
Veiller à un changement d’image relativement au«travail dans l’aide et les soins aux personnes âgées», en insistant sur le sens, la valeur et la signification de ce travail pour une société.
Adapter la législation et la réglementation afin d’offrir plus de flexibilité pour mieux répondre aux besoins et aux aspirations des personnes âgées
Particulièrement pour les maisons de repos et de soins (MR/MRS)
Soutenir l’innovation dans les maisons de repos et de soins qui y travaillent déjà. À cette fin, faire appel à des exemples inspirants, existants ou nouveaux.
Utiliser pour le personnel (recrutement, évaluations, ratio habitants/personnel) des normes souples, en mettant l’accent sur les soins relationnels.
Pousser les maisons de repos et de soins à constituer des équipes transdisciplinaires, réunissant des profils variés.
Encourager, chez les directeurs et les administrateurs, le coaching directionnel et l’apprentissage tout au long de la vie.
Favoriser la formation permanente et les types de formation qui cadrent avec les développements évoqués dans ce document et rendant de nouvelles compétences également nécessaires dans les maisons de repos et de soins.
Renforcer le rôle et la fonction du médecin coordinateur et conseiller, et de la première ligne en général: tout centrer sur la notion de bien-être.
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