Il faudra apprendre à vivre avec le Covid !

Depuis 2 ans, nous avons appris beaucoup sur le virus, ses composantes, ses comportements, ses modes de transmissions, ses effets sur la santé à court et long termes, mais nous n’arrivons pas à le maîtriser.

La gestion de la pandémie devra être basée sur une vision long terme de santé publique ayant pour objectif de prévenir, protéger, anticiper l’infection virale et de réduire les facteurs de comorbidités impliqués dans les formes graves et les décès dus au Covid.

Nos propositions

  1. Mesures et modes d’approche relatives à la gestion de la crise
  2. Mesures structurelles d’organisation des politiques de santé
  3. Brevets et solidarité internationale
  4. Débat démocratique
1. Mesures et modes d’approche relatives à la gestion de la crise
Définir une stratégie « mesures sanitaires »

il s’agirait d’une sorte de « boîtes à outils » de mesures à activer selon des niveaux de risque, qui serait stable dans le temps, claire, et dont la mise à jour serait aussi limitée que possible et accompagnée de justifications et débats, afin que toute la population puisse s’y retrouver.

Contextualiser les objectifs poursuivis par les différentes mesures

Il est important de contextualiser sans cesse les objectifs poursuivis par le recours au testing, au suivi des contacts et aux mesures de quarantaines (ou isolement)

Au fil de la gestion de pandémie, le recours aux tests a servi à identifier les personnes malades, à limiter les contaminations et à augmenter la protection des autres, en particulier des plus vulnérables, mais aussi à améliorer nos connaissances sur le virus et ses comportements-mutations- transmissibilité et encore à anticiper et donc à préserver le système des soins hospitaliers et de soins intensifs.

Néanmoins l’impact de ces dispositifs est important : ils mobilisent fortement les acteurs de la 1° ligne – il en résulte des absences au travail ou à l’école, des fermetures …Ces impacts sont tels qu’ils justifient des modifications dans les stratégies de testing – suivi de contacts- quarantaine pour d’autres motifs que purement sanitaire.

Il est donc important

  • de clarifier et expliciter les objectifs poursuivis et les modalités qui en découlent (quand tester, qui, dans quels délais, isolement ou non, pour combien de jours, etc.). Les changements de stratégies pourront ainsi être expliqués plutôt que d’être l’expression d’incohérences successives.
  • d’utiliser les enseignements et les structures mises en place via les Régions afin de les rendre structurelles : des équipes permanentes de prévention, surveillance des maladies infectieuses qui assurent le suivi des tests et surtout l’accompagnement des personnes testées positivement. Ces équipes multidisciplinaires décentralisées sur l’ensemble du territoire relient les autorités locales et les cellules « surveillance épidémiologique » des Régions afin de pouvoir agir au plus près des citoyens et des lieux de contamination identifiés.
  • de construire des ponts structurels entre ces équipes, les médecins généralistes et les services de promotion de la santé afin de poursuivre le travail de sensibilisation, mobilisation de la population en dehors des périodes de crise.
 
Limiter le barrières administratives

 Limiter le barrières administratives au testing, à la vaccination et à la quarantaine : sur la procédure pour accéder au test et ses résultats, sur leur coût, sur la fracture numérique… Et mettre en place un incitant financier correct pour compenser la quarantaine.

Améliorer la Communication
  • La communication doit être claire, adaptée à tou.te.s, diffusée via différents canaux, ciblés vers des publics différents. Il faut expliquer les mesures.
  • La place des médias est capitale dans cette campagne. En effet, c’est là que doit se produire l’information, mais aussi que doivent se poser les questions de manière ouverte.
  • Engager des experts de communication/créer du support didactique sur les stratégies politiques de gestion d’épidémie.
  • Organiser de grandes campagnes d’information sur la maladie, la prévention et sensibilisation dans les écoles et sur les lieux de travail, afin de motiver à la vaccination.
  • Renforcer la présence de proximité, dans les quartiers, de référents de confiance qui peuvent répondre aux questions de la population.
Améliorer la couverture vaccinale.

Tout d’abord en poursuivant le travail de conviction, tant dans la communication globale que dans le travail de terrain.

Nous avons demandé et obtenu qu’un débat parlementaire soit organisé avant décision sur la vaccination obligatoire pour tous et le CST 1G/2G. Ce débat doit se tenir sur base de rapports éthiques et sanitaires. Le rapport du comité bio éthique est disponible et met notamment en avant la nécessité de résoudre plusieurs incertitudes scientifiques avant d’avancer, ainsi que l’intérêt d’une politique claire dans sa portée et explicite dans ses objectifs, à l’inverse des tactiques et manœuvres qui poussent à la vaccination de façon détournée. Nous attendons maintenant le rapport sur l’intérêt sanitaire des mesures proposées.

Thérapies des formes sévères.

Il est important de mettre en place un système de prise en charge par la sécurité sociale soit par un remboursement structuré, soit par un financement fédéral ponctuel tout au long de l’état déclaré de pandémie. Tout en évitant tant que possible les surcoûts liés aux stratégies de pression des firmes pharmaceutiques. Il faut rester guidés par l’evidence-based medicine: étudier l’impact sanitaire et pour la sécurité des innovations (nouveaux traitements) par rapport à des médicaments connus de plus longue date (nouvelles utilisations de traitements existants), et activer tant que possible des mécanismes de solidarité internationale (benelux ou au niveau européen) pour négocier des prix acceptables pour les médicaments qui seront démontrés efficaces.

2. Mesures structurelles d’organisation des politiques de santé
Garantir une capacité d’accueil suffisante en milieu hospitalier.

Nous devons poursuivre la réflexion sur le renforcement de la capacité des hôpitaux à faire face à ce genre de situation. La pénurie de personnel soignant se fait sentir. Il faut refinancer les hôpitaux, revaloriser leur personnel et revoir les logiques et mécanismes de contingentement.

Réformer profondément la place, le rôle, la complémentarité des structures hospitalières vis-à-vis des acteurs de la 1° ligne

Notre système des soins de santé souffre des conséquences d’un manque d’investissement suffisant, d’un manque de projet stratégique de politique de santé publique qui rassemble les usagers de soins de santé, les professionnels de la santé, les responsables politiques.

Il faut revoir l’articulation entre les soins de proximité, de première ligne, et les soins hospitaliers et organiser leur complémentarité dans les bassins de soins. Il faut revoir le nombre de lits nécessaires, leur destination en soins aigus et/ ou en suivi des pathologies chroniques et les équipes de professionnels nécessaires pour y assurer les meilleurs soins. Nous savons qu’il faudra à la fois moins de lits, mais plus de personnel qualifié pour s’en occuper.

Réformer l’organisation des soins de santé mentale

Réformer l’organisation des soins de santé mentale, qui doit être intégrée dans la réflexion globale sur la première ligne, pour laquelle le gouvernement fédéral a décidé de réserver un nouveau budget structurel annuel de 200 millions à partir de 2022 dont 150 millions sont déjà aujourd’hui libérés pour financer les interventions de psychologues de proximité et d’équipes multidisciplinaires mobiles dans les milieux de vie.

Il revient aux Régions, et c’est possible aujourd’hui sans attendre, à organiser avec les SSM, les acteurs de l’aide et du soins, de l’enseignement, de la jeunesse, … la collaboration et l’organisation territoriale entre l’ensemble de ces prestataires.

Une organisation territoriale faciliterait les choses ici aussi puisqu’elle permettrait de travailler en équipes multidisciplinaires d’aide et de soins à l’échelon local et à l’échelon des bassins de soins incluant 1° ligne et réseau hospitalier.

Favoriser une vie saine pour mieux résister aux maladies
  • Création de labels plus clairs et visibles (de type nutriscore) sur tous les produits alimentaires, forcer l’industrie agroalimentaire à supprimer sucres et graisses, légiférer contre les perturbateurs endocriniens et les produits (ultra) transformés.
  • Renforcer les campagnes dans les écoles de promotion des bons comportements de santé et politiques actives visant à remplacer sodas et sucreries par des aliments sains.
  • Lutte contre les assuétudes, tabac, alcool, jeux, drogue, par des actions réglementant l’accès aux produits.
  • Lutte contre la pollution de l’air intérieur et extérieur, et mettre enfin au jour (et le faire savoir au grand public) que la pollution est un facteur de risque cardio- vasculaire (et donc de décès du covid),
  • Limiter les perturbateurs endocriniens, pesticides,
  • Former-informer sur les fonctionnements du métabolisme, sur les virus, les bactéries, les contagions, les moyens de protection et ou de guérison, préservation et renforcement de nos systèmes immunitaires.
 
Intégrer la lutte contre la pauvreté dans le combat contre le virus

Chaque mesure doit dès lors être évaluée, avant d’être adoptée et dans le cadre de son exécution, au niveau de l’impact de la pauvreté. Des mesures et des accompagnements spécifiques doivent être pris afin de lutter contre les exclusions sociales. Les services d’aide, les cpas et les structures qui travaillent avec les personnes vivant dans la pauvreté ou qui les représentent doivent être associés dans l’analyse des mesures à prendre dans le cadre de la pandémie.

3. Brevets et solidarité internationale
Lever les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre le coronavirus

Lever (temporairement) les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre le coronavirus, et tenter de faire fonctionner tous les mécanismes de solidarité existants. Bien sûr, la levée des brevets n’est pas un remède miracle, et elle devra être accompagnée d’une levée des restrictions à l’exportation, ainsi que d’un transfert de technologies et de savoir-faire.

Les verts au Parlement européen ont par ailleurs fait adopter une recommandation allant en ce sens dans la résolution plus large « une stratégie pharmaceutique pour l’UE » le 24 novembre 2021.

Rappelons également l’importance de la solidarité internationale et de continuer notre contribution au mécanisme covax de dons de vaccins aux pays qui en ont besoin. Nous ne sortirons de cette pandémie que lorsque le monde entier aura une protection suffisante contre ce virus.

4. Débat démocratique - l’implication du citoyen acteur dans la gestion de crise, mais aussi dans les politiques de santé
Lieu de décision

Il y a une nécessité de revoir la manière dont les décisions sont prises :

  • Mener une réflexion sur le lieu de débat et l’association des ministres compétents pour dépasser le format actuel conseil des ministres restreint fédéral + ministres- présidents des entités fédérées.
  • Le débat parlementaire doit pouvoir se tenir sur les balises de la gestion de crise. De même, il devrait toujours être organisé après pour rendre des comptes. Il faudrait réfléchir à une procédure permettant de confirmer les mesures, voire de les modifier.
  • En cas d’urgence, en amont du CODECO, un mandat du gouvernement est en tout cas en effet indispensable.
  • Les avis scientifiques sur lesquels se fondent les discussions doivent toujours être rendus publics avant la réunion. La composition des groupes d’expert doit pouvoir évoluer pour mieux prendre en compte des thématiques comme la santé mentale.
  • Si les décisions ont été prises en urgence et qu’aucun débat dans les parlements n’a pu avoir lieu, un retour vers le parlement après les décisions prises est encore plus essentiel, de même que la procédure de validation.

Associer les citoyens dans les prises de décision

Complémentairement au forum patients qui doit encore se constituer, nous pourrions mettre en place dès aujourd’hui un panel citoyen représentatif tant que possible de la population qui sera associée aux réflexions globales santé publique sachant que celles-ci permettront de donner du sens aux dispositions urgentes et/ou impactantes sociétalement qui sont parfois nécessaire en cas d’épidémie.

Développons dans les quartiers, les villages, qui subissent la crise (sociale) des lieux d’expression et d’action sur les enjeux liés à la pandémie ou à la dégradation de l’environnement social, pour rétablir ou maintenir le dialogue entre les acteurs du social santé et les populations désabusées.

Le social santé doit répondre aux besoins des personnes si il ne veut pas être déconnecté.

La population peut comprendre que les moyens sont limités, mais l’accepte mieux si ses priorités sont entendues.

Ceci peut aider à expliquer les mesures préconisées et ou exigées pour limiter la propagation, pour protéger les citoyens et pour préserver les services de soins.

L’investissement au niveau des actions communautaires est un maillon essentiel de la résilience de nos territoires.

    •  
Communiquer et montrer concrètement l’engagement de l’Etat dans la crise.
  • rappeler l’importance d’une population en bonne santé grâce à des politiques publiques qui visent à la qualité des habitats, des milieux de vie, de l’alimentation, des produits de consommation, qui visent aux égalités de santé et à l’accessibilité aux soins pour toutes et tous, pour pouvoir affronter ces épisodes pandémiques en en limitant au maximum les impacts sur les plus fragiles ;
  • privilégier les mesures collectives, évitant autant que faire se peut, les clivages et les discriminations et communiquer sur la volonté de mener une approche de responsabilité collective.
  • prévoir un investissement étatique massif dans la santé – les soins et les professionnels de la santé afin de rencontrer les besoins en soins hospitaliers, l’accès à la première ligne, la promotion de la santé – et afin de revaloriser la reconnaissance et la rémunération des professionnels de soins ;
  • aborder au niveau local la pandémie en privilégiant l’approche de la santé communautaire.
  • soutenir financièrement et de manière organisationnelle la prévention comme la ventilation, sachant que la ventilation des espaces fermés est une mesure de santé publique nécessaire et recommandée de manière générale et pas seulement en période de covid ;
  • soutenir financièrement les traitements en cours de développement afin de les rendre accessibles aux patients ;
  • assurer auprès de la population, au niveau local, une information relative aux mesures adoptées et aux comportements à respecter, en privilégiant aussi les aspects de la santé préventive permettant d’être en bonne santé de manière générale ;
  • relayer auprès des autorités fédérales et régionales les difficultés vécues par la population lors des moments informatifs (voir point ci-dessus) et lors des moments de rencontres au niveau local afin d’adapter, si nécessaire, les mesures adoptées ; un travail particulier doit être mené avec les structures qui travaillent avec les personnes vivant dans la pauvreté et les mesures doivent être analysées préalablement et postérieurement avec un test rapide d’impact de pauvreté. Les structures contrôlant l’impact sur la pauvreté doivent être financées pour cette mission, qui pourrait être poursuivie au-delà de la pandémie ;
  • prévoir un financement spécifique pour soutenir les communes et les régions afin de développer l’approche locale proposée dans les différents points ci-dessus ;
  • mener, pour les mesures qui pourraient créer des difficultés de compréhension de la population ou des tensions en termes de libertés et de droits fondamentaux, des débats dans les parlements ainsi que dans des structures participatives citoyennes, telles que proposées par la Commission délibérative de la cocof.
 

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