Audition des experts
La commission a entendu un ensemble d’experts (voir ci-dessous) qui ont chacun fait un exposé sur la gestion de la crise.
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- Tom Auwers, directeur du SPF Santé et président du Celeval
- Erika Vlieghe, experte scientifique auprès de la ministre de la Santé fédérale et présidente du GEES
- Sophie Quoilin, Chef du service de Sciensano
- Yves Van Lathem, porte parole du conseil national de sécurité
Ce qu’il faut retenir:
Tom Auwers - directeur du SPF Santé et président du Celeval
Il a exposé le rôle du Celeval pendant la crise et a expliqué la fonction des différents organes qui conseillent les politiques. Lors de cette présentation, Il qualifiera l’organigramme de l’Etat de « spaghetti institutionnel » .
La réouverture des maisons de repos aux visites.
Le plus gros débat qu’il y eu avec le Celeval est la réouverture des maisons de repos aux visites . En effet, on se souvient que l’annonce du CNS de rouvrir les visites en MRS avait fait grand bruit car celles-ci ne s’estimaient pas prêtes à organiser ces visites étant données que les équipes étaient toujours occupées à gérer l’épidémie. Si on peut estimer cette décision comme bonne pour les résidents, c’est son annonce de manière inopportune qui pose question. Ce fût une erreur de prendre cette décision sans concertation, c’est donc suite à cet incident que le GEES (groupe qui devait réfléchir au déconfinement ) fût mis en place pour organiser ces concertations.
Erika Vlieghe - experte scientifique auprès de la ministre de la Santé fédérale et présidente du GEES
Difficulté a évalué la situation dans les maisons de repos
Elle a expliqué toute la difficulté que les experts ont eu pour évaluer la situation dans les maisons de repos. Ils savaient que la situation était alarmante, mais ce n’est qu’au moment d’avoir les résultats, lors de la troisième semaine du mois de mars, qu’ils se sont rendus compte de l’ampleur de la gravité de la situation.
C’est à ce moment là que le Fédéral a proposé aux Régions de coordonner l’aide dans les maisons de repos, mais il était trop tard. En effet, vu le manque de matériel et de personnel, les Régions ont dû faire appel à des organismes externes comme médecins sans frontières ou l’armée pour intervenir dans certaines maisons de repos.
Le courrier du comité des médecins en soins intensifs
Madame Vlieghe assume pleinement le courrier du comité des médecins en soins intensifs qui expliquait qu’il fallait garder les résidents malades en maison de repos. Elle a expliqué que l’objectif de ce courrier était d’aider les médecins généralistes à évaluer les besoins d’hospitalisations des résidents en cas de pénurie de place dans les hôpitaux. Elle a clairement expliqué que c’était un courrier qui rappelait les règles éthiques en cas de saturation des hôpitaux. Elle estime que ce n’était pas un courrier qui interdisait les hospitalisations, mais elle assume que ce courrier puisse avoir été mal interprété par certains médecins ou maisons de repos.
Testing en maisons de repos
Elle a expliqué que le testing en maisons de repos , quand la capacité de tests était disponible, était une priorité. Malheureusement cette capacité de tests n’a été atteinte qu’au mois d’avril ce qui a retardé le testing massif.
Sophie Quoilin - Cheffe du service de Sciensano
Elle a dit clairement qu’elle ne cautionnait pas le terme de « gripette » utilisé par la Ministre Fédérale de la Santé en début de la crise et qu’aucun expert n’aurait utilisé ce terme pour parler de l’épidémie.
Les données au début de la crise
La question à débattre était « Qu’est ce que les experts avaient comme données au début de la crise ? » Les données à leur disposition étaient celles qui venaient de Chine, mais qui sont se révélées fausses quand le virus est arrivé en Italie. Surtout en terme de soins, les médecins ont dû apprendre de la maladie au fur et à mesure. Il est sûr que face à l’inconnu, ils ont dû improviser des traitements.
Le port du masque et les changements de recommandations
Le débat s’est aussi focalisé sur le port du masque et les changements de recommandations de Sciensano. Madame Quoilin assume le fait que la stratégie du port du masque était tributaire de la disponibilité du matériel. Par exemple, la recommandation habituelle est de changer de masque toutes les 4 heures pourtant durant le courant du mois de mars, les recommandations ont été modifiées et les soignants pouvaient porter un masque pendant plus de 8 heures. Nous sommes ici en présence d’une modification de recommandation directement liée au manque de matériel.
La question que l’on peut se poser est » les recommandations scientifiques doivent elles s’adapter à la réalité ? « . Ce débat n’est pas clôturé et il sera important car aujourd’hui certains remettent en cause l’utilité du masque car on ne l’a pas recommandé en début de crise lors de la pénurie.
Yves Van Lathem - porte parole du conseil national de sécurité
Le manque de matériel, cause première des difficultés.
Il a expliqué qu’au mois de mai 2019, le haut conseil de la santé avait remis un avis à la Ministre fédérale sur le stock stratégique qui n’a pas reçu de réponses. Donc le stock avait été brûlé, mais la Ministre avait reçu plusieurs avis pour expliquer l’importance de se constituer un stock stratégique. Tous ces avis sont restés lettre morte.
Pendant ces 7 heures d’audition, tous les experts se sont accordés à dire que le manque de matériels était la cause première des difficultés. C’est toute la gestion de la crise qui fût mise en difficulté face à cette pénurie.
Aujourd’hui, les stocks stratégiques sont en place et tout le monde s’accorde à dire que ça permettra, vraisemblablement, de gérer les prochains mois de façon plus sereines.
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